8 mai 2013, 00:08 -PAR PHILIPPE VAN LIL
PROJET POUR REVITALISER UNE VILLE EN DÉCLIN - www.alterechos.be
Gérard
Couronne,bourgmestre de Genappe, et Jean-François Mitsch, ont des visions diamétralement opposées sur
le dossier.
Gérard Couronne, rue Reine Astrid, 5 D 1473 Glabais – tél.: 0475 42 70 17 – courriel : gerard.couronne@genappe.be
Gérard Couronne
Jean-François Mitsch, rue des Communes, 12 a 1470 Genappe – tél.: 0495 29 88 15 – courriel : mitsch@mitsch.be –site :
http://blog.mitsch.be/
Place de l’ancienne gare de Genappe – L’ancienne sucrerie en arrière-plan © COMMONS WIKIMEDIA www.alterechos.be
Genappe: La reconversion du site de l’ancienne sucrerie fait POLÉMIQUE.
Le
site de l’ancienne sucrerie de Genappe sera réaffecté. D’ici une
vingtaine d’années, 800logements pourraient y être construits. En dépit
de procédures fort longues,les autorités communales ont la volonté de
faire de cette reconversion un modèle du genre. Sera-ce vraiment le cas ?
Depuis son démarrage, le dossier suscite de vives polémiques.
Lorsqu’on
arrive un vendredi matin à 8 h sur la place communale de Genappe,c’est «
jour de marché ». Officiellement, du moins ! En fait, le spectacle est
quelque peu désolant: seul un boucher dans sa roulotte officie, le
chaland se fait rare, la place a des allures d’un lendemain de
Saint-Sylvestre. Repassez sur la même place quelques heures plustard ou
en soirée, cette ambiance d’un centre-ville inanimé est la même.
C’est notamment pour cette raison que Jean-François Mitsch, tête de liste
PS de l’entité aux dernières élections communales, s’oppose fermement au
projet de réhabilitation de l’ancienne sucrerie tel qu’envisagé par la
majorité communale :
« Il faut d’abord réfléchir à
l’énorme potentiel de sols à bâtir existant au centre même de Genappe.
Avec ce nouveau projet, il n’y a aucune vue d’ensemble de la ville. On
nous apporte une nouvelle ville sur papier, que l’on juxtapose à la ville
existante, sans tenir compte de cette dernière.Aujourd’hui, le centre
de Genappe est devenu moribond : sur la place du centre-ville, deux tiers
des commerces sont fermés ; il n’y a plus de restaurant, plus de centre
administratif, plus d’activités culturelles. » Aux dires de l’intéressé, «
le développement d’une zone d’activité commerciale à la sortie nord de
la ville, le long de la nationale, où sont implantées une série de
grandes surfaces depuis quelques années, a déjà accentué la fermeture
des petits commerces au centre-ville et paupérisé celui-ci. Le projet de
réhabilitation de l’ancienne sucrerie, tel qu’envisagé, avec notamment la
construction d’une nouvelle place, accentuera encore plus la désertion
du centre-ville. On ajoute ici un projet sans tenir compte de la
nécessité d’exister pour la ville actuelle. Si les fonctions de la
nouvelle ville à venir ne sont pas les compléments de quelque chose
d’existant, tout s’organisera autour de cette nouvelle ville : commerces,
maison de repos, associations, etc., autant d’outilsqui manquent dans
la ville actuelle. Il faudrait répartir ces outils de façon équitable
entre la ville actuelle et la nouvelle partie de ville à venir.»
800 logements sur 20 ans ?
Quoiqu’il
en soit, le mois dernier, le dossier a connu une nouvelle avancée : le
Collège communal de Genappe a marqué son accord pour la construction de
trente premiers logements par hectare sur huit hectares. C’est ici la
première phase d’un projet de construction de 800 logements programmé sur
vingt ans, la densité la plus importante devant être localisée à terme
au plus près du centre de Genappe. La délibération du Collège du 12
septembre 2012précise que pour ces huit hectares, « une surface
importante sera consacrée aux espaces publics et espaces verts ainsi
qu’aux services demandés par la Ville»,à savoir une crèche, un terrain
multisport et une aire de jeux. Il a aussi été décidé que les logements,
eux, seront limités à un rez-de-chaussée plus deux étages plus les
combles. Initialement, il avait été envisagé d’avoir des habitats de
trois étages au-delà des rez-de-chaussée, tout comme il avait aussi été
question de 40 à 50 logements à l’hectare. Concernant cette première
phase,Gérard Couronne, relate la suite des opérations : « La Région a
récemment lancé un appel à candidats – pas encore un appel à projets! –
pour urbaniser ces huithectares. Dix candidatures ont été reçues à ce
jour. Un jury, dont fera partie la commune, retiendra cinq candidatures
(...) Il y aura 180 à 200 logements. Fin 2014, ces premiers logements
devraient faire leur apparition ; ils devraient accueillir quelque400
nouveaux habitants à Genappe. »
Quid de la suite
des constructions ? «Là, on est encore parti pour quelques années »,
estime le bourgmestre, qui se montre par ailleurs plus prudent que ce qui
a été évoqué jusqu’ici dans la presse : «Le ministre a parlé de la
construction d’un total de 800logements. Cependant, il faudra d’abord
analyser ce qui sera ventilé, dans la deuxième phase, pour les PME, les
commerces, l’espace public, les crèches,l’école, etc. (...) En réalité,
nous aimerions créer un tissu industriel qui vienne compenser les pertes
subies avec la disparition de la sucrerie.» A ce sujet, Marianne Janssens
précise : « Nous souhaitons avoir une zone de vingt hectares d’activité
mixte, autrement dit aussi industrielle. Mais le ministre n’en veut pas!
Nous n’abandonnons pas cette idée :
cela permettrait à de grosses
entreprises de s’installer, de créer ainsi des emplois de proximité...et
d’éviter que cette partie de Genappe ne devienne une cité dortoir ! »
Signalons
que le projet de revitalisation urbaine initial portait sur la
construction de 800 logements avec une répartition de 300 maisons
unifamiliales accolées de un à deux étages et de 500 logements au sein de
petits collectifs de maximum trois étages.L’étude de la SARSI donne le
détail qui suit : « Une réelle mixité de fonctions est développée: 800
logements, 3 100 m2 de commerces, 10 200 m2 d’équipements (crèches,
groupes scolaires, maisons de repos, maisons des associations, centre
d’accueil de la réserve naturelle) et 30!000 m2 d’activité.
L’implantation des immeubles sera guidée par des
considérations énergétiques. »
La problématiquede ladépollution du sol
Pourquoi
avoir étalé le projet sur vingt ans ? Marianne Janssens : « Nous voulons
un quartier quicorrespond à l’habitat de notre commune. Nous ne voulons
par exemple pas l’arrivée de trop d’habitants en même temps. Il y a un
équilibre des fonctions à avoir pour répondre aux besoins de la
population : crèches, écoles, commerces. La qualitéde vie est un
objectif primordial du projet. »
A ce propos, Jean-FrançoisMitsch,
rétorque que « ce qui est aussi choquant dans ce dossier, c’est
lephasage en huit étapes sur vingt ans, où la première phase commence
par la construction de logements dans la partie la plus éloignée du
centre-ville actuel. C’est le contraire qui est souhaitable dans ce que
l’on appelle la densification del’habitat. »
Ce
spécialiste dans le développement de projets de partenariat public-privé
dans le secteur des énergies renouvelables à une échelle industrielle
(parcs éoliens, etc.) soulève un autre lièvre : «Un vrai problème de ce
dossier est la dépollution du site.Personne ne veut en parler! La dalle
sur laquelle se trouve l’usine a été faite avec des remblais sur des sols
pollués. On est sur la nappe phréatique. La dépollution ne doit pas être
opérée dans vingt ans mais en tout premier lieu!Une telle dépollution
coûterait quelque vingt millions d’euros : comment financer un tel
montant ? C’est là la vraie question ! » Cette somme viendrait
s’ajouter aux cinq millions d’euros déboursés par la Région wallonne pour
le rachat du terrain et aux quelque deux cents millions nécessaires,
selon la SARSI, aux futures constructions de bâtiments et d’équipements.
Enfin,
Jean-François Mitsch conclut par un autre enjeu de ce dossier : « Il
faut faire en sorte que ce terrain public, qui appartient donc à la
Région wallonne, puisse rester en grande partie la propriété du secteur
public, par exemple par le fait que la commune de Genappe se porte
acquéreur des sols. Ceci permettrait notamment de compenser le manque de
logements publics sur la commune, qui aujourd’hui tourne en dessous de 5"
% ; on devrait viser les 20"% de logements publics sur un tel projet, au
lieu des 10"% prévus. » Nul doute que ce dossier fera encore couler
beaucoup d’encre... avant que les premières coulées de bétonne puissent
être opérées !
Une procédurede longue haleine
Rétroactes.
Nous sommes en2004. La sucrerie de Genappe ferme ses portes, suite aux
effets d’une directiveeuropéenne du début des années 2000, qui prévoit
une baisse de 30 % de laproduction de sucre en Europe. Bien que
performante, l’entreprise n’occupe pasune position géographique
stratégique intéressante : elle est située en pleincentreville, n’est
pas à proximité d’une voie navigable... Le couperet tombe :elle est
sacrifiée par son propriétaire, le Groupe Raffinerie
Tirlemontoise,leader du marché du sucre en Belgique (chiffre d’affaires
en 2011 : 771 millions d’euros). Les 110travailleurs seront reclassés
dans d’autres entreprises.Il faut dès lorssonger à la réaffectation de
l’ensemble du site de l’ancienne sucrerie.On lesait dès le départ :
cette procédure sera de longue haleine. Elle débute en2008 lorsque la
Région rachète, pour 5 millions d’euros, l’ensemble desterrains de ce
sitede 145 hectares à la Raffinerie Tirlemontoise. Le projet
deréaffectation peut commencer. Le gouvernement wallon en attribue alors
lamaîtrise d’ouvrage déléguée à la Société d’assainissement et de
rénovation dessites industriels du Brabant wallon (la SARSI SA). Un
arrêté ministérieldélimite ensuite un périmètre SRPE (Site de
réhabilitation paysagère etenvironnementale). La même année, la SARSI,
en collaboration avec le bureaud’études DLA Piper, procède à une étude
d’élaboration d’une stratégieopérationnelle de réhabilitation du site.
Dans la foulée, un comité d’accompagnementest mis sur pied. L’actuel
bourgmestre de Genappe, le libéral Gérard Couronne,principal initiateur
de ce projet de reconversion au sein de la commune,précise que « le
comité d’accompagnement réunit notamment des représentants dela Ville de
Genappe, le cabinet du ministre – au départ Antoine, maintenantHenry –
l’administration du Territoire, l’administration du
Patrimoine,l’administration de la Division Nature et Forêts, le
fonctionnaire délégué,l’Intercommunale du Brabant wallon (IBW), la
SARSI... Ce comité s’est déjàréuni seize fois depuis 2008. »
Toujours en 2008, lesconclusions de l’étude permettent de déterminer trois zones de réaffectation :
- 73 hectares, reprenant l’ensemble des bassins, seront consacrés à une zonenaturelle gérée par la DivisionNature et Forêts ;
- 25
hectares seront dédiés à un écoquartier composé de logements,
PME,maison de repos pour le CPAS, centre de bien-être privé, piscine,
terrains detennis, etc. ;
- le solde sera destiné à un écoparc
affecté à l’agriculture.MarianneJanssens, l’actuelle échevine en charge
de la Rénovation urbaine, de la Politiquedu logement, du Développement
durable et des Affaires Sociales, estime que « lazone naturelle de 73
hectares constitue une véritable richesse, notamment auniveau
ornithologique. Il s’agit de la réserve naturelle la plus grande
duBrabant wallon. » En 2010, la SARSI lance un marché de services
portant sur l’établissementd’une étude de faisabilité urbanistique et
d’aménagement de l’écoquartier et del’écoparc. Finalisée en décembre
2011, cette étude visait à déterminer lesenjeux urbanistiques, les
structures du territoire, le positionnement dumaillage écologique, de la
mobilité, des activités rayonnantes, des servicescommerciaux et
publics, de la gestion locale de l’eau et de la pollution dusol.
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